Sainte Marie-Madeleine
Le premier témoin de la Résurrection du Christ
Les Évangiles nous parlent fréquemment, par petites touches, de sainte Marie-Madeleine. Nous savons par eux qu’elle fût convertie par sa rencontre avec le Christ, que ce dernier l’a délivrée de sept démons et qu’elle s’est mise à le suivre. Femme sans doute très riche, l’évangile selon Saint Luc nous dit qu’elle faisait partie de celles qui assistaient le Christ et ses disciples de leurs biens. Au moment de la crucifixion de Jésus, elle fera partie du petit nombre qui reste au pied de la croix (alors que la plupart des apôtres auront fui). Elle accompagnera ensuite le corps du Christ jusqu’à son tombeau. Elle y reviendra trois jours plus tard, à la fin de la Pâque, et sera la première témoin de la Résurrection. L’Évangile selon Saint Jean nous raconte, dans son chapitre 20, le délicieux dialogue entre elle et le Christ ressuscité. Le Seigneur la charge d’annoncer la résurrection à ses frères, ce qui lui vaudra le titre d’apôtre des apôtres.
L’Évangile ne nous en dit pas plus. Cependant l’Église catholique a longtemps assimilé cette femme, à deux autres femmes présentes dans les Évangiles : la pécheresse pardonnée (Évangile selon Saint Luc, chapitre 7, versets 36 à 50), et Marie de Béthanie, la soeur de Marthe et de Lazare. Si aucune preuve formelle ne permet d’établir définitivement ce rapprochement, et si l’Église laisse tout croyant libre de croire ce qu’il souhaite, certains indices permettent de penser qu’il s’agit bien d’une même et unique femme : des attitudes très proches de naïveté et de courage, une tendre familiarité avec le Seigneur jointe à une grande vénération de sa personne, une similitude dans la gestuelle même. Ainsi Marie-Madeleine se retrouve fréquemment au pied du Seigneur à écouter sa parole, elle verse fréquemment des larmes, et il lui arrive deux fois, dans deux occasion très différentes, de verser du parfum sur le Christ : la première fois sur ses pieds en signe de repentir, la seconde fois peu avant sa mort, sur sa tête en signe de vénération… C’est pourquoi le parfum est devenu un des symboles de Marie-Madeleine, tout comme larmes et les cheveux détachés avec lesquels elle a essuyé les pieds du Sauveur, dans un geste surprenant et touchant d’humilité.
La tradition provençale
D’après la tradition provençale, c’est-à-dire la tradition orale qui remonte aux origines du Christianisme, Marie-Madeleine est restée une dizaine d’année en Palestine après la résurrection du Seigneur. C’est alors qu’une persécution contre les chrétiens l’oblige, ainsi que d’autres disciples, à embarquer sur un navire (d’après la légende, sans voiles ni rames) qui l’amènera au lieu dit des Saintes-Maries-de-la-Mer. De là, elle partira prêcher avec son frère Lazare à Marseille et à Aix ; elle le quittera ensuite pour remonter le cours de l’Huveaune et s’installer dans la Grotte de la Sainte-Baume. Elle y vivra les dernières années de sa vie, entre pénitence joyeuse et contemplation enflammée. Lorsqu’elle sentira la mort approcha, elle quittera son lieu de retraite pour recevoir de son compagnon Saint Maximin la communion (c’est-à-dire, selon la foi catholique, le corps et du sang même du Christ, réellement présent sous les apparences du pain et du vin). Elle rendra rendre l’âme juste après.
Dès les premiers temps du christianisme, le lieu de la Sainte-Baume sera vénéré, et dès la création des premiers monastères en Occident, des moins viendront s’y installer pour perpétuer le souvenir de la pécheresse élevée par le Christ au rand d’apôtre des apôtres. Aujourd’hui encore, les frères dominicains gardent le Sanctuaire et accueillent les nombreux pèlerins et touristes qui y viennent.