Histoire de la Grotte
Chronologie historique
415-1079 : Présence des cassianistes sur le massif.
1070-1295 : Le réveil et l’essor religieux qui se produit au début du XIème siècle se traduit par l’installation en ces lieux de bénédiction de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille.
1254 : Saint Louis visite la grotte.
1295-1481 : Les successeurs de Charles II dans le royaume de Provence veillent avec beaucoup de sollicitude sur la Sainte-Baume : confirmation des privilèges accordés aux religieux, intervention auprès du Saint-Siège pour rendre le pèlerinage plus attractif, construction sur place d’une hostellerie pour y accueillir les pèlerins…
1481-1789 : Les rois de France prennent le relais des comtes de Provence et portent un intérêt soutenu au devenir de la Sainte-Baume : nombreuses visites, travaux d’aménagement et d’embellissement, protection particulière lors des périodes de trouble et d’insécurité.
1789-1793 : Pillage des lieux lors de la période de la Révolution. Départ des Dominicains.
1824-1834 : Des pères trappistes puis des pères capucins assurent une présence religieuse à partir d’une ferme aménagée sur le plateau.
1859 : Réinstallation des Dominicains à l’instigation de H.D Lacordaire.
1941 : «(…) pendant la guerre, le frère Gabriel Piprot d’Alleaume fonde une école hôtelière pour servir de refuge aux victimes des persécutions nazies : juives, allemandes, polonais catholiques».
Chronologie religieuse
47 : Selon la tradition, arrivée de Sainte Marie-Madeleine à la Sainte-Baume.
Vers 415 : Saint Jean Cassien fonde un premier prieuré à son retour d’Egypte.
Dès le Vème siècle, présence des moines de l’abbaye Saint-Victor de Marseille.
1279 : Charles II d’Anjou, futur roi de Sicile et comte de Provence, réalise les fouilles qui aboutissent à la découverte à Saint-Maximin des reliques de Marie-Madeleine.
1295 (21 Juin) : Avec l’appui du pape Boniface VIII, Charles II installe les dominicains à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume.
1629 : Le pape Urbain VIII fonde la Confrérie Marie-Madeleine.
1791 : Le marquis d’Albertas rachète les biens des dominicains qui avaient été vendus comme biens nationaux.
1859 : H.D Lacordaire rachète le couvent de Saint-Maximin et y réinstalle les Frères Prêcheurs : il fait construire l’Hostellerie dans la plaine de la Sainte-Baume.
1900 : Visite de Charles de Foucauld qui reviendra en 1901 et 1913.
1914 : Restauration par M.E. Vayssière des escaliers menant à la Grotte (150 marches en mémoire des 150 Ave du Rosaire) et inauguration du Calvaire.
2002 : Réouverture de la grotte, fermée en 1997 pour cause de travaux. Quatre Dominicains s’y installent.
2008 : Reprise de l’Hostellerie par les frères dominicains.
Du Vème au XIIIème siècle
De Jean Cassien à saint Louis
C’est à partir du Vèmr siècle que la Sainte-Baume va être habitée et fréquentée par des chrétiens. «Jean Cassien, le patriarche des moines d’occident a suivi les traces de Marie-Madeleine en venant chercher parmi les sommets un refuge pour la vie contemplative».
PH. I Vincent – Extrait du livre Marie-Madeleine et la Sainte-Baume
Après avoir fondé l’abbaye de Saint-Victor, Cassien y installe un prieuré et y vient en retraite.
«La Sainte-Baume devait naturellement toucher son coeur, il y vint donc avec quelques-uns des siens et y plaça cette garde qui pendant mille ans, du IVème au XIIIème siècle, fut fidèle au souvenir et aux reliques de Marie-Madeleine que la Providence lui avait confiées».
H.D Lacordaire – extrait du livre Sainte Marie-Madeleine
Un pèlerinage s’y instaure peu à peu. Les pèlerins venaient à la Sainte-Baume comme à Saint-Maximin vénérer les lieux où sainte Marie-Madeleine avait vécu. Des textes parfaitement authentifiés l’attestent.
En 1117, venue d’un gentilhomme italien, à qui l’on doit la construction d’une Chartreuse à Montrieux.
En 1248, pèlerinage du franciscain Fra Salimbene qui laissa un récit très circonstancié de son passage.
En 1245, le Roi de France, saint Louis, vint à la Sainte-Baume au retour de sa première croisade en Terre Sainte.
Charles II apporte un élan particulier au pèlerinage de la Sainte Baume
On assiste à un renouveau de l’église et de la chrétienté. C’est l’époque des croisades. Les pèlerinage prend un nouvel essor.
En 1279, Charles II, comte de Provence, roi de Naples, de Sicile et de Jérusalem, neveu de Saint Louis, redécouvre dans la crypte de l’église de Saint Maximin, le corps de Marie-Madeleine qui lors des invasions sarrasines avait été retirée de son sarcophage dissimulé.
Il contribue de manière décisive au développement du pèlerinage.
Texte trouvé dans le sarcophage par Charles II
«L’an de la nativité du Seigneur 7-10, le sixième jour du mois de décembre, sous le règne d’Eudes, très pieux roi des Français, au temps des ravages de la perfide nation des Sarrasins, le corps de la très chère et vénérable Marie-Madeleine a été secrètement et pendant la nui transféré de son sépulcre d’albâtre dans celui qui est de marbre, et d’où l’on a retiré le corps de Sidoine, afin qu’il y soit plus caché et à l’abri de la dite perfide nation».
H.D Lacordaire, Sainte Marie-Madeleine, 1859
Deuxième inscription découverte lors de la translation des reliques :
«Ici est le corps de sainte Marie-Madeleine gravée sur une tablette de bois qu’enveloppait un globe de cire».
HD Lacordaire, Sainte Marie Madeleine, 1859
L’événement a eu lieu dans cette crypte vénérable «vraiment contemporaine du christianisme primitif en Provence». Revoil, Lettre à Mr Bellet.
C’est celle-là même qu’on peut, bien qu’elle ait été remaniée, visiter encore aujourd’hui.
Charles II obtient du Pape Boniface VIII, le pouvoir d’établir les frères Prêcheurs à la place des Bénédictins, «comme gardiens des reliques de sainte Marie-Madeleine et prédicateurs de ses vertus» et les considère comme «les mieux adaptés au nouvel élan du pèlerinage».
Parallèlement aux travaux entrepris à Saint-Maximin – construction de la basilique et du couvent – des dispositions sont prises à la diligence des premiers prieurs dominicains, tout particulièrement Jean Vigorsi et Jean Gobi pour aménager et agrandir le prieuré de la Sainte-Baume.
Du XIVème – XVIème siècle
1516 : Louis de Savoie en compagnie de son fils François Ier
Le siècle s’ouvre par le règne brillant de François Ier. Après Marignan, le jeune prince vient faire hommage de sa victoire à Marie-Madeleine.
«Le roi arriva à Saint Maximin le 20 Janvier avec une brillante escorte. Il trouva dans cette ville la reine Claude, sa femme, la reine Louise de Savoie, sa mère et sa soeur Marguerite, femme du duc d’Alençon et depuis reine de Navarre, ainsi q’une partie de leur cour.
Le lendemain le roi et sa suite firent par Nans le pèlerinage de la Sainte Baume».
Escudier 1925 La Sainte Baume
«Le roi fut touché de l’état de délabrement dans lequel il trouva les lieux, et il accorda des fonds pour (faire réparer l’église de la Baume où la Benoiste Magdaleine faisoit pénitence, comme aussi le logis et le couvert des frères, lequel est fort caduc et démoli» (lettres patentes).)
Sicard 1878 extrait de Sainte Marie Magdeleine et la France
Importance grandissante du pèlerinage à la Sainte-Baume
XIV-XVème siècle
Sous l’influence des premiers dominicains et le soutien des Comtes de Provence, le culte de Marie-Madeleine prend de plus en plus d’éclat. Les pèlerinages à Saint-Maximin, et à la Sainte Baume deviennent, après ceux de Rome et de Saint-Jacques de Compostelle, les plus populaires de l’occident catholique.
Les frères dominicains Elie et Dalmace Moner s’établissent comme ermites dans des grottes non loin de celle de Marie-Madeleine.
Tous les Comtes de Provence après Charles II ont porté un intérêt particulier, à la Sainte-Baume et y ont fait pèlerinage.
Le plus grand d’entre eux, le Roy René, est venu s’y recueillir à plusieurs reprises. Il fit bâtir une hostellerie à la Grotte pour les pèlerins après l’incendie qui avait tout ravagé en 1440. Les papes eux aussi vinrent vénérer la Sainte.
XVIè et au temps de la Renaissance
Les rois de France restent très attachés à la Sainte-Baume. Après 1481, date de rattachement de la Provence à la France, ils confirment les privilèges des dominicains et renouvellent toutes les mesures prises par les comtes de Provence tendant à conserver intacte la forêt.
Le chemin qui conduit à la Grotte ne tardera pas à être baptisé sous le nom qui est aujourd’hui le sien de «Chemin des Rois», l’habitude étant prise par les Rois de France de venir faire dévotion à la Sainte-Baume.
Au cours de la deuxième partie du XVIème siècle
Nombreux désordres, guerres de religions, épidémie de peste, mais les pèlerins sont toujours aussi nombreux.
Entre 1580 et 1583, les autorités civiles d’Auriot font voeu de faire pèlerinage à la Sainte-Baume chaque lundi de Pentecôte.
Du XVIIème – XVIIIème siècle
1660 Louis XIV à Saint-Maximin et la Sainte-Baume
« Le dernier roi de France qui fit le pèlerinage des Saints-Lieux de Provence fut Louis XIV. Il arriva à Saint Maximin le 4 Février 1660 avec sa mère, Anne d’Autriche, et monta le lendemain jusqu’à la Sainte-Baume et au Saint Pilon. Au retour, il présida à la translation du corps de sainte Madeleine dans une urne porphyre qui avait été envoyée de Rome par le général des Frères Prêcheurs et qui fut placée sur le maître-autel, après que la châsse qu’elle devait contenir eût été ouverte, renfermée et scellée en présence du roi».
H.D Lacordaire, extrait du livre de Sainte Marie Madeleine
«Ainsi, au moment où la monarchie atteignait son plus haut point de splendeur et y inscrivait un des siècles de France parmi les grands siècles du monde, elle vint, en la personne du roi qui eut le bonheur de donner son nom à cette ère mémorable, s’incliner devant les restes de l’humble pénitente de Béthanie et y laisser un rayon de cette majesté qui s’appelle encore et s’appellera toujours le siècle de Louis XIV».
H.D Lacordaire, extrait de Sainte Marie-Madeleine
«Pour le service du pèlerinage, les prêcheurs de Saint-Maximin ont composé à partir de 1640, des manuels destinés aux pèlerins, qui sont à la fois des vies de sainte Marie-Madeleine et des formulaires de prière».
B. Montagnes, extrait de La légende de Marie-Madeleine
Apogée et déclin du pèlerinage
Le début du siècle voit une affluence record de pèlerins et de personnalités plus illustres. Le mouvement des pèlerins ne cesse de s’amplifier.
Tous laissent des traces de leur générosité et la Sainte-Baume va vivre une de ses plus glorieuses périodes.
«Jamais Marie-Madeleine n’aura été aussi populaire. Jamais elle n’aura été autant représentée par les artistes. Les images de la Pénitente à la Sainte-Baume abondent».
Dolende, extrait de Marie-Madeleine dans la Mystique des arts et des lettres
Jamais on ne vit affluer autant de pèlerins de toutes provenances: des saints, François de Salles, Vincent de Paul, Jeanne de Chantal ; des rois, Louis XIII (1622); Christine de Suède (1658), Louis XIV le plus illustre (1660).
La duchesse de la Tour d’Auvergne fera restaurer et décorer la Chapelle du Saint-Pilon, érigée en 1630 par Esprit Blanc, contrôleur général de Provence.
Mais…
«l’affaiblissement de la piété en France sous le règne de Louis XV diminue la dévotion envers Marie-Madeleine. Elle devient en effet rare parmi les grands, quoi qu’elle ne cessât pas de se maintenir dans le peuple».
Abbé Fallon – extrait de Monuments inédits sur l’apostolat de Marie-Madeleine de Provence
La Révolution gronde… La Sainte-Baume est profanée.
1789 L’Assemblée Nationale ordonne la liquidation des maisons religieuses. La Grotte est complètement pillée.
1793 Pour écraser le mouvement contre-révolutionnaire du midi, Barras et Fréron décident de la destruction totale de la Sainte-Baume. Elle n’est plus qu’un tas de ruine.
Elle est débaptisée pour porter le nom de «Thermopyles».
Du XIXème siècle à aujourd’hui
1860 – Suite au rétablissement des Dominicains par H.D Lacordaire
Ce pèlerinage se situe le lendemain d’une fête splendide organisée à Saint-Maximin pour la translation des reliques de Marie-Madeleine dans une nouvelle châsse offerte pas les habitants pour remplacer celle qui avait été détruite à la Révolution (châsse actuelle en la basilique).
«La cérémonie (…) se déroule le 20 Mai 1860.
La foule se presse, venue de tous les coins de France.
L’Archevêque d’Aix préside, entouré des évêques de Fréjus, de Marseille, de Nice, de Nîmes, de Gap…
La fête se déroule sous les feux de l’actualité: les journaux de Paris ont envoyé leurs écrivains et leurs dessinateurs».
B. Montagnes, extrait de La légende de Marie Madeleine.
Frédéric Mistral était présent au pèlerinage avec ses compagnons félibres :
« Que ce fut beau »!
Extrait d’une correspondance à Fernand Cortez
Résurrection du pèlerinage
Après les troubles révolutionnaires durant lesquels les constructions de la Sainte-Baume ont été saccagées, la vie reprend peu à peu son cours normal avec l’aide des curés des paroisses puis avec la réinstallation des Dominicains.
La chapelle du Saint-Pilon est restaurée, la Grotte déblayée, les chemins remis en état.
Des souscriptions sont ouvertes à l’initiative des autorités administratives pour reconstruire les bâtiments détruits.
Par ordonnance de février 1821, Louis XVII érige la Grotte en chapelle vicariale.
En 1858, Mgr. Jordany, évêque de Fréjus-Toulon demande à HD Lacordaire qui a rétabli l’ordre dominicain en France de redonner vie aux couvents de Saint Maximin et de la Sainte Baume, ce qui se fera l’année suivante.
L’Hostellerie est construite sur le plateau à partir d’une ferme appartenant jadis aux Dominicains et cédée par le Marquis d’Albertas quelques années auparavant: une communauté de frères y est assignée.
On assiste alors à un véritable renouveau du pèlerinage.
Le Père Vayssière, gardien de la Grotte de 1900 à 1932 y est largement associé. On lui doit la construction de Nazareth et divers aménagements à la Grotte. Il eut le privilège de recevoir, à trois reprises, le plus fervent des pèlerins de l’époque: Charles de Foucauld.
De nos jours, un nouvel essor est donné au pèlerinage. Les Dominicains ont réinvesti totalement les lieux depuis juillet 2008 redonnant du souffle à cette longue page d’histoire écrite depuis des siècles sous le regard de Marie-Madeleine.