Qui est Sainte Marie-Madeleine ?
Femme pécheresse convertie par le Christ,
Élevée par la grâce du Christ ressuscité, devenue l’apôtre des apôtres.
Dès les premiers siècles, chrétiens, pénitents, saints, rois, papes, viennent accomplir leur pèlerinage à la grotte de la Sainte-Baume auprès de sainte Marie-Madeleine. Cette femme entre dans l’évangile par une conversion radicale, en allant essuyer les pieds du Christ de ses cheveux et de ses larmes au cours d’un repas. Délivrée de 7 démons, elle devient avec les douze et quelques autres femmes, disciple du Christ. À sa prière et à celle de sa sœur Marthe, Jésus ressuscitera leur frère Lazare, mort depuis 4 jours. Elle est l’un des rares disciples à se tenir au pied de la croix. Au matin de Pâques, sainte Marie-Madeleine reconnaît dans le jardinier le Christ ressuscité. Il lui demande d’annoncer à ses apôtres qu’Il est ressuscité, ce qui a valu à sainte Marie-Madeleine le titre d’Apôtre des apôtres.
Selon la tradition, peu de temps après, Marie-Madeleine embarque avec tout un groupe de chrétiens (dont son frère Lazare et sa sœur Marthe) pour l’occident. Ils arrivent aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Marie-Madeleine accompagne Lazare à Marseille. Elle continue son chemin en suivant le cours de l’Huveaune et vient s’établir à la Sainte-Baume pour y passer les trente dernières années de sa vie, entre pénitence et contemplation.
Les pèlerins qui viennent encore aujourd’hui à la Grotte seront surpris par la présence inestimable de la sainte qui conduit tous ceux qui s’y disposent au Christ. Nous vous proposons de vivre avec Marie-Madeleine un itinéraire spirituel, en suivant sa vie pas à pas : par sa conversion, par son expérience de la miséricorde de Dieu, par son annonce de l’Évangile et sa prière, elle nous montre le chemin du « disciple-missionnaire » que le pape François nous appelle si instamment à parcourir.
Est-elle la pécheresse pardonnée et Marie de Béthanie ?
Depuis saint Grégoire le Grand (VIème siècle), l’Église a vu dans la pécheresse pardonnée (Lc 7, 36-50) et Marie de Béthanie (Lc 10, 38-42; Jn 11, 1- 43; Jn 12, 1-11) une seule et unique femme : Marie-Madeleine.
Même si des arguments sérieux la soutiennent, l’unité du personnage peut certes être discutée (nous faisons le point ici sur cette problématique) mais nous accueillerons cette tradition immémoriale pour parcourir ensemble cet itinéraire spirituel.
La pécheresse pardonnée
L’Évangile – Lc 7, 36-50
« Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum. »
Méditation
Comment ne pas admirer le courage de Marie-Madeleine ? Elle qui faisait partie de la « haute société », elle a bien compris que tous les plaisirs de la terre ne pouvaient la satisfaire. Qu’au contraire, ils l’asséchaient intérieurement.
Alors lorsqu’elle réalise que Jésus peut lui proposer une libération, elle ne tergiverse pas : elle prend son parfum, entre chez Simon, traverse la salle sous le regard méprisant et ulcéré des pharisiens, lave les pieds du Christ de ses larmes, et les essuie de ses cheveux. Quel geste magnifique, à la fois si audacieux et si humble.
Et le Christ prend sa défense, annonçant que ses péchés sont pardonnés ! Mystère d’un Dieu qui se laisse toucher par un geste sincère d’amour.
A la suite du Christ
Ainsi délivrée de tous ses péchés, exorcisée de tous ses démons, Marie-Madeleine, devenue légère et rayonnante du pardon de Dieu, est désireuse de suivre le Christ. Elle l’assiste, Lui et ses disciples, de ses biens. Car ils vont de villages en villages proclamer le Royaume des cieux. Après avoir été touchée par la grâce, Marie-Madeleine prend conscience du bonheur divin auquel le Christ nous appelle, et participe, suivant sa grâce, à l’annonce de la Bonne Nouvelle. En effet, lorsqu’on a rencontré le Christ, comment garder pour nous cette nouvelle incroyable du salut ?
La contemplation : Marthe et Marie
En restant aux pieds du Christ, en étant auprès de la source d’eau vive, en comblant sa soif véritable, Marie-Madeleine nous montre l’importance, la nécessaire, l’ultime tâche de toute vie humaine, de notre être, de nos attentes.
Quelle plus belle image de la prière, de la contemplation, que de rester au pied du Christ, à écouter sa parole, pour la laisser nous transformer ? Telle est la meilleure part, que chaque chrétien, quel que soit son état de vie, est appelé à mettre en place.
L’amitié : La résurrection de Lazare
« Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : » Enlevez la pierre. » (…). Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : » Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais si j’ai parlé, c’est pour cette foule qui est autour de moi, afin qu’ils croient que tu m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : » Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains attachés, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : » Déliez-le, et laissez-le aller. »
Lazare, le frère de Marthe et Marie-Madeleine est mort depuis 4 jours. Le Christ vient, et touché par les larmes de ses amis pleure.
Ce récit est l’occasion de comprendre la véritable sens de l’amitié, un amour véritable qui dépasse nos horizons humains. Avant de ressusciter Lazare, le Christ prend le temps d’être les membres de la famille. Il porte leur chagrin. Il comprend l’état de leur cœur, l’état de leur âme. Il pleure avec ceux qui pleurent. Telle est l’amitié profonde : elle offre une écoute attentive avant de donner des solutions.
L’adoration : l’onction à Béthanie
L’Évangile – Jn 12, 1-11 (ou Mc 14, 3-9 ; Mt 26, 6-13)
« Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie par l’odeur du parfum. »
Après la résurrection de Lazare, le Christ est parti se réfugier à Ephraïm. Avant d’entrer triomphalement à Jérusalem (le fameux dimanche des Rameaux), le Christ fait étape à Béthanie. Il y retrouve ses amis : Lazare, Marthe et Marie-Madeleine. Ils sont tous invités à un dîner donné en l’honneur du Christ. Marie se glisse auprès du Christ avec un parfum d’un grand prix. En plein milieu du repas, elle enlève le bouchon du flacon de parfum, et le verse délicatement sur les pieds de Jésus. Elle les essuie tendrement avec ses cheveux. Ce n’est plus un geste de repentance et de conversion comme lors de la première rencontre, c’est maintenant un geste d’adoration envers le Messie, l’Oint de Dieu, avant qu’Il n’entre dans Sa passion.
Au pied de la croix
Le Christ est maintenant chargé de sa croix. Il monte la colline de la mort. Sa mère et Marie-Madeleine, accompagnées de quelques autres femmes et de Jean, l’accompagnent de loin. Ils le suivent. Il tombe trois fois. Interminable est la douleur que le Christ subit. Il arrive au calvaire où il est dénudé. Marie-Madeleine le voit s’élever de terre, étendre ses bras sur le bois de la croix. Elle entend les dernières paroles que Jésus adresse à son Père, au bon larron, à sa mère, à Jean, au centurion.
Jésus ne parle pas à Marie-Madeleine. Marie-Madeleine ne parle pas à Jésus. Ils restent dans le silence de la souffrance. Mais Marie-Madeleine est là, fidèle. L’ancienne pécheresse est maintenant aux côtés de la Vierge Marie, la toute-pure, pour accompagner le Christ dans son ultime sacrifice.
L’ensevelissement du Christ
Une fois le Christ enseveli, Marie-Madeleine reste un moment assise près du sépulcre. Elle est abattue, fatiguée, anéantie…
Elle traverse au plus haut point, ce que saint Jean de la Croix, la nuit de la foi : elle ne comprend plus, elle est dans les ténèbres, seule la fine pointe de l’esprit continue d’adhérer à Dieu. C’est l’heure de la grande purification, où la foi n’a plus rien de sensible sur lequel s’appuyer. Ces moments préparer l’âme à recevoir les plus grandes grâces, et ce sera le cas aussi pour Marie-Madeleine.
La résurrection du Christ
« Tout en disant cela, elle se retourne et aperçoit Jésus qui était là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus. Jésus lui demande : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Le prenant pour le gardien, elle lui répond : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et moi, j’irai le reprendre. » Jésus lui dit alors : « Marie ! » Elle se tourne vers lui et lui dit : « Rabbouni ! », ce qui veut dire : « Maître » dans la langue des Juifs. Jésus reprend : « Ne me touche pas, je ne suis pas encore monté vers le Père. »
Le dimanche, à l’aube, Marie-Madeleine, accompagnée de quelques femmes, vient au tombeau. En chemin, elles se demandent qui va leur ouvrir la porte. Stupeur, à leur arrivée, elles voient que la porte est ouverte.
La grande nouvelle de la Résurrection a commencé. Elle continue depuis deux millénaires à transformer le monde ! La mort n’est plus un mur, la vie n’est plus une impasse. Nous sommes attendus au Ciel, si nous savons profiter de ce temps de la Miséricorde qui nous est donné.
L’Apôtre des Apôtres
Pour ne pas garder pour soi ce trésor inestimable que le Christ donne à Marie-Madeleine, Jésus l’envoie auprès de ses apôtres. Certains pères de l’Église appellent Marie-Madeleine la « nouvelle Ève », à l’instar de la Vierge Marie mais de façon toute différente : ayant accueilli en premier l’annonce de la Résurrection, et l’ayant transmise à la communauté chrétienne, elle se trouve être la « mère des vivants » (ce que signifie le nom Ève), car c’est d’elle que nous recevons la vie nouvelle qui vient de la Résurrection du Christ. Comment ne pas éprouver une immense gratitude pour elle ? Et quelle joie de voir dans ce privilège la marque de prédilection de Dieu pour les pécheurs qui se convertissent !
À la Sainte-Baume
Sa prédication en Provence
L’évangile ne parle pas de la suite, alors suivons la tradition latine et provençale. Après la Résurrection, Marie-Madeleine, Marthe et Lazare et leurs compagnons décident de partir en barque. Ils arrivent aux Sainte-Marie-de-la-mer. Ils continuent leur route à travers la Provence, laissant Marthe à Tarascon, Lazare à Marseille. Marie-Madeleine reste un peu de temps auprès de son frère et annonce la bonne nouvelle.
Ensuite, elle décide de partir et elle suit le cours de l’Huveaune qui l’amène à la Sainte-Baume. Séduite par la beauté du site, Marie-Madeleine décide d’y demeurer. Elle vit en ermite, dans une pénitence joyeuse et une contemplation enflammée. Elle quitte sa grotte à la toute fin de sa vie, pour descendre dans la plaine recevoir la communion de saint Maximin (un des disciples du Christ), et mourir dans ses bras.
Son rayonnement à travers les âges
Les origines du pèlerinage de la Sainte- Baume remontent aux premiers temps du christianisme ; dès le Ve siècle, des moines vinrent chercher la solitude dans la forêt et la Grotte de la Sainte-Baume. Nul doute qu’ils étaient attirés là par la figure de Marie-Madeleine. En 1254, au retour de la septième Croisade, saint Louis, roi de France, tint à y venir lui-même avec ses chevaliers ; ce pèlerinage royal eut un très grand retentissement.
En 1279, Charles II de Provence rechercha les reliques de sainte Marie-Madeleine. Il les trouva dans la crypte de Saint-Maximin. Les reliques furent authentifiées auprès du pape. En 1295, les Dominicains sont installés à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume. Leur tâche est d’accueillir les nombreux pèlerins qui viennent se réfugier auprès de sainte Marie-Madeleine. En 1793, un incendie, accompagné de pillages et de profanations par les révolutionnaires, détruisit jusqu’à l’anéantissement la Sainte-Baume. En 1851, les Dominicains reprennent la garde du sanctuaire grâce au Père Lacordaire.
Les grands de la terre vinrent en pèlerinage à la Sainte Baume ; mais le souvenir le plus vivant est celui des saints nombreux qui vinrent prier ici, comme Charles de Foucauld. De nos jours, ce courant apparaît toujours bien vivant : nombreux sont ceux qui viennent rencontrer le Christ, et choisir avec Marie-Madeleine « la meilleure part », qui n’est autre que Dieu lui-même.
Les grâces à demander
La grâce de la prière : en vue de faire l’expérience de la présence de Dieu au plus intime de votre coeur.
La grâce de la conversion : laissez Dieu façonner votre coeur et laissez-vous réconcilier avec lui, laissez-le vous fortifier.
La grâce de la prédication : que la joie de ce trésor reçu vous donne la joie d’annoncer les merveilles de Dieu.
Quelques prières
Intercédez
Ô lumière du monde
Prière à sainte Marie-Madeleine
Les reliques de sainte Marie-Madeleine dans la Grotte